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La ville de Nemours passe au solaire : parole de maire !
Nemours, la ville passe au solaire avec Fonroche Lighting et nous explique ce que cette évolution technologique implique concrètement sur le terrain : facture l’électricité, acceptation des habitants, formation des agents municipaux…Interview croisée entre Valérie Lacroute, maire de Nemours, présidente de la communauté de communes du Pays de Nemours et Laurent Lubrano, Directeur Général de Fonroche Lighting.

Valérie Lacroute, maire de Nemours, crédits Ville de Nemours

Laurent Lubrano, directeur général de Fonroche Lighting, crédits Fonroche Lighting

Avant que la ville ne se lance dans la rénovation de son parc, l’éclairage public de Nemours comptait 1920 points lumineux. Parmi eux, 412 lampadaires vétustes et énergivores nécessitaient une rénovation. Ces derniers avaient une consommation annuelle de 264 820 kWh, contre zéro pour les 366 candélabres solaires prévus. Ainsi, grâce à la combinaison de lampadaires solaires et d’une campagne de relamping, la Ville bénéficiera d'une réduction de 48 % de sa facture annuelle d’éclairage public, passant de 318 170 € à 167 680 €, tout en réhabilitant 59 % de son parc d’éclairage.
Éclairage public solaire dans une rue résidentielle à Nemours. Crédits Fonroche Lighting
Cette vision intègre également un besoin de résilience dans une zone en partie inondable. En cas de montée des eaux, les lampadaires solaires autonomes continuent de fonctionner, contrairement aux installations traditionnelles dont les câbles enfouis deviennent inutilisables sous l’eau. Lors des inondations de 2016, la ville avait en effet été plongée dans le noir, laissant des quartiers entiers sans électricité, illustrant ainsi l’importance d’options durables et autonomes.
En novembre 2024, 161 lampadaires solaires fabriqués par l’entreprise française Fonroche Lighting, ont déjà été installés dans le cadre de cette rénovation, dont 148 commandés via la centrale d’Achat UGAP. Ils assurent l’éclairage et la sécurisation de plusieurs voiries et lotissements à Nemours.
Comment s’est déroulé ce projet d’éclairage public solaire ? Y-a-t-il eu un appel d’offres ?
Laurent Lubrano : L’idée est née d’une rencontre lors du salon des Maires et des collectivités locales de 2021, cette collaboration a débuté avec un diagnostic approfondi du parc d’éclairage public de la ville, réalisé par l’éclairagiste et les équipes techniques locales. Ce plan de rénovation a permis à Nemours de se projeter et d’évaluer les économies futures générées par l’installation de candélabres solaires autonomes.
Valérie Lacroute : Nous sommes passés par l'UGAP (Union des groupements d'achats publics) qui est une centrale d’achat dédiée aux collectivités territoriales et qui permet de simplifier les procédures d’achat tout en garantissant des prix compétitifs. Nous n’avons donc pas eu besoin de passer par le lancement d’un appel d’offres.
Fonroche nous a également accompagnés pour définir précisément nos besoins, au travers d’un diagnostic de notre éclairage public, et les transmettre de manière adaptée à l’UGAP.
Concernant le financement, notre programme global de rénovation de l’éclairage public est estimé à
1 600 000 € TTC. Nous percevons une subvention de la région Île-de-France à hauteur de 146 000 €. Nous avons contracté un emprunt vert auprès de la Banque des Territoires de 800 000 €. Les annuités de 90 000 € sont compensées par les économies prévues sur notre facture d’énergie et de maintenance (94 000 euros).
Peut-on mettre du solaire partout ? En centre-ville ? Là où il y a des ombres portées ?
Laurent Lubrano : Aujourd’hui, il est possible d’installer du solaire partout en France, les conditions météorologiques le permettent au sud comme au nord de la France, même dans des rues très ombragées de centre-ville. A Agen, nous éclairons en plein centre-ville. Fonroche Lighting a développé toute une gamme de luminaire qui s’intègre très bien dans un contexte patrimonial, avec un vrai travail sur les coloris et les matières inspirés par les teintes naturelles des régions. Néanmoins, pour que la technologie solaire fonctionne, il faut choisir le matériel adapté aux besoins : les produits qui intègrent les panneaux solaires directement sur les faces des mâts, comme c’est le cas notamment des bornes Nowatt (qui a rejoint Fonroche Lighting), sont parfaitement adaptées pour du balisage, pour une place piétonne, pour un éclairage d’ambiance paysager. Mais si le besoin est d’éclairer à 20 lux moyen, ce sont les modèles avec les panneaux déportés en haut de mât qui seront les plus adaptés : en orientant bien le panneau est-ouest, il y aura toujours un moment où celui-ci pourra capter l’énergie solaire et remplir la batterie. Nous ne transigeons pas sur les performances : les mâts solaires permettent d’éclairer efficacement aux normes, même sous les arbres, dans des conditions météorologiques très défavorables.

Éclairage public solaire éclairant un parking à Nemours. Crédits Fonroche Lighting
Les équipes de la Ville ont-elles été formées à l’entretien des mâts solaires ? En effet, contrairement à un mât filaire, un mât solaire est un équipement sous tension électrique permanente (puisqu’il produit de l’énergie en continu), les agents doivent-ils prendre des précautions particulières pour nettoyer ou mettre en sécurité un mât accidenté par exemple ?
Valérie Lacroute : À Nemours, une entreprise privée se charge des travaux et de l’entretien. Les agents n’ont donc pas eu besoin d’être formés et cela ne change rien à leur travail, si ce n’est que la voirie est mieux éclairée. Cela est donc plus agréable lors du travail en soirée ou tôt le matin en automne hiver.
Laurent Lubrano: Non, on ne peut pas s’électrocuter en manipulant un mât solaire, car il y circule uniquement de la basse tension. Il n’existe donc aucun risque, très concrètement on peut mettre les doigts dans la prise sans danger, ainsi un maçon peut monter un mât solaire. Quant à l’entretien des panneaux, il n’y en a pas. Ils sont totalement autonettoyants, car leur vitrage contient un composant qui permet un nettoyage complet dès la première pluie. C’est là que réside l’avantage du solaire : aucun entretien, aucune maintenance pendant 10 à 15 ans, d’ailleurs nos produits sont garantis 8 ans (pièces et main d’œuvre), ce qui signifie que la seule manipulation à faire sur le mât est de changer cette batterie, en lieu et place, en ouvrant un tiroir situé à l’arrière du panneau solaire. Cela représente un coût de 300 à 400 euros par mât qui est intégré aux études de coûts initiales.
Comment les habitants ont-ils réagi à l’annonce de l’installation de mâts solaires ?
Valérie Lacroute : Les retours des Nemouriens sont très positifs. La surface couverte par ces nouveaux candélabres est plus large, c’est très sécurisant. De ce fait, les mâts solaires n’ont pas forcément été implantés au même endroit que les précédents.
Le diagnostic de Fonroche a en effet pris en compte une étude solaire, qui calcule le potentiel d’ensoleillement de l’emplacement géographique et détermine le dimensionnement de chaque composant, et une étude photométrique, qui simule l’implantation et le niveau d’éclairement des lampadaires solaires. Comme je le disais, nous avons donc changé le positionnement de certains mâts pour plus d’efficacité.
Pour autant, les riverains n’ont pas été déstabilisés et sont très satisfaits de la qualité de ce nouvel éclairage public.
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