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Intérêts et limites du rétrofit, peut-on vraiment faire du neuf avec de vieux luminaires ?
Conserver ses vieux luminaires à décharge en modifiant seulement leur source par de la LED, c’est le principe vertueux du rétrofit, mais concrètement, comment se passe une opération de rétrofit ? Les projets y gagnent-ils vraiment ?

Modification de la source d'un spot encastré, crédits Pornpak Khunatorn
Le rétrofit, qu'est-ce que c'est ?
Emprunter de l’anglais retrofit qui signifie « réaménagement, modernisation, rénovation » le rétrofit est une « opération consistant à remplacer des composants anciens ou obsolètes par des composants plus récents, généralement en changeant la technologie, sans modifier la fonction » (Wikipedia). Appliqué à l’éclairage, ce procédé consiste à remplacer la technologie lumineuse ancienne d’un luminaire existant, par exemple de l’halogène ou des lampes fluocompactes, par de la LED, technologie la plus performante existante à ce jour sur le marché. Une opération qui paraît à première vue économique pour des maîtres d’ouvrage souhaitant conserver des luminaires non LED historiques ou achetés dans les années 2000 et dont les enveloppes seraient encore tout à fait viables.
La pratique de rétrofit est-elle encadrée par des dispositions légales ?
Non. Des dispositions légales encadrent les pratiques de reconditionnement et de remanufacturage (vous pourrez retrouver dans le Prismes de janvier 2025 un lexique commenté du vocabulaire de l’économie circulaire), mais pas pour le rétrofit. Dès lors, le rétrofit se situe hors cadre juridique, d’où la nécessité pour les maîtres d’ouvrage de bien encadrer la pratique.
Rétrofiter en connaissance de cause
Avant de se lancer dans une opération de rétrofit, quelques points doivent attirer l’attention des maîtres d’ouvrage.
Le risque électrique. Pas question de bricoler à l’improviste un luminaire ! Une évidence ? On a pourtant vu des installations prendre feu suite à une tentative de remplacement de la source hasardeuse. Une opération de rétrofit se fait donc forcément avec des professionnels habilités.
Le risque de performance. Pour profiter pleinement de la LED installée dans une lanterne ancienne, il ne suffit pas de remplacer une ampoule halogène ou fluocompacte par une ampoule LED, dite de substitution. Quid de l’orientation des sources, du réflecteur, de l’éblouissement ? Il faut en effet distinguer la technologie LED (la diode) de la source LED (l’ensemble des composants combinés). Rappelons, par ailleurs, que les normes en vigueur s’appliquent pour les luminaires rétrofités au même titre que pour les luminaires neufs. Alors comment garantir la conformité photométrique, notamment par rapport à la EN 12464-1 qui fixe les niveaux lumineux dans les environnements de travail ? Seule une étude photométrique pourra garantir la conformité de la nouvelle installation.


lampes de substitution
Le risque légal. Rétrofiter c’est engager sa responsabilité légale par rapport au luminaire modifié. Alors en cas contrôle, qui est responsable vis-à-vis de la loi en général et spécifiquement en cas d’accident ? Le fabricant qui modifie une source doit apposer son marquage CE* sur le luminaire : c’est bien lui qui devient responsable en cas de problème ou d’accident de personne, c’est lui qui engage sa garantie - des points cruciaux à vérifier avec les professionnels qui sont en charge de rétrofiter un parc.
Le rétrofit, écologique, oui mais jusqu’où ?
Là encore, sans cadre juridique, l’intérêt écologique dépend de chaque opération : les luminaires sont-ils rétrofités sur place ou sont-ils démontés et emmenés en atelier ? Change-t-on la source ou vient-on greffer un kit rétrofit dans la carcasse du luminaire ? Chaque opération produit du CO2 : le transport, la production du kit rétrofit. Autant d’émissions à prendre en compte dans un bilan carbone comparatif
Des coûts à étudier, des financements à mobiliser.
Le gain financier n’est pas forcément immédiat, car un rétrofit effectué dans les règles de l’art revient sensiblement au même prix qu’un achat de luminaires LED neufs. Le poste d’économie ne se fait donc pas sur le poste de l’investissement, mais sur celui du fonctionnement : la LED permet d’économiser entre 70 et 80 % d’énergie par rapport à une lampe à décharge. De plus, l’économie se fait également sur le poste de la maintenance : là où les sources traditionnelles devaient être changées tous les cinq ans, les durées de vie des LED se situent aujourd’hui autour de 20 ans, soit 100 000 heures. La rentabilité d’une opération de rétrofit est donc à calculer finement, mais il est certain que cette pratique constitue une formidable opportunité pour des luminaires patrimoniaux ou pour des luminaires non-LED qui auraient été achetés il y a seulement une dizaine d’année.
Quid des systèmes de financements ? Selon certaines rumeurs, les kits de rétrofit seraient éligibles aux dispositifs CEE permettant de faire financer la rénovation de son parc de luminaires — il n’en est rien. L’Ademe précise que le luminaire doit être rénové dans son ensemble pour être éligible au CEE. Il faudra donc inclure une opération de rénovation des supports pour être éligible à ce dispositif.
Performance, durée de vie, financement, rétrofiter oui, mais pas, n’importe comment !
Le point sur le vocabulaire de la lumière...
Marquage CE : Le marquage « CE » a été créé dans le cadre de la législation d’harmonisation technique européenne. Ce marquage est l’engagement visible du fabricant qui certifie que son produit respecte les exigences réglementaires, en vue de sa libre circulation sur l’ensemble du territoire de l’Union européenne (source : entreprises.gouv.fr).
Le marquage CE est autodéclaratif : il s’agit d’une déclaration du fabricant.Le marquage CE répond à plusieurs règlements et directives européennes qui concernent la sécurité, l’énergie et l’environnement.
De plus, le fabricant qui l’appose doit posséder un dossier technique CE comprenant :
La documentation technique de chaque produit ;
La déclaration de conformité CE ;
La liste des normes concernées ;
Les rapports d’essai ;
La notice de fin de vie.
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