top of page

Éclairage muséographique : quand la scénographie et la conception lumière s’allient pour émerveiller — exposition Paolo Roversi.

Le 24 juillet dernier s’est terminée l’exposition Paola Roversi au Palais Galliera, un temps fort de la vie culturelle parisienne de l’année 2024, qui a bénéficié d’une mise en espace particulièrement réussie. Pour mettre en valeur les photographies de mode signées par cet artiste international, la scénographe Ania Martchenko et l’agence de conception lumière I.C.O.N. ont travaillé de concert, jouant sur une multiplicité d’effets lumineux. Une coconception vertueuse qui montre à quel point l’éclairage doit être intégré dans les projets dès les premières esquisses.  

IMG_1606.jpg

Exposition Paolo Roversi, crédits photo : Akari-Lisa Ishii I.C.O.N

Exposition : Paolo Roversi, du 16 mars 2024 au 14 juillet 2024, Palais Galliera — Musée de la mode de la ville de Paris/commissariat : Sylvie Lécallier, chargée de la collection photographique/Scénographie : Ania Martchenko/Conception lumière : I.C.O.N., conceptrice lumière Akari-Lisa Ishii

Au début de l’année 2023, l’établissement public Paris Musées confie dans le cadre d’un appel d’offres l’aménagement de l’exposition Paolo Roversi à Ania Martchenko pour la scénographie et à Akari-Lisa Ishii (agence I.C.O.N.) pour la conception lumière. L’équipe doit d’emblée travailler avec un cahier des charges contraint, puisqu’il faut éviter au maximum de faire entrer la lumière naturelle dans la Palais Galliera, la matière des photographies étant très sensibles, en particulier les polaroids.

La première partie de l’exposition joue pleinement sur les effets de la lumière artificielle, accentuant les cadrages, et dramatisant les contrastes.

IMG_1551.jpg
IMG_1568.jpg

Éclairage muséographique accentuant les contrastes pour un effet dramatique - Exposition Paolo Roversi, crédits photo : Akari-Lisa Ishii I.C.O.N

Projecteurs cadreurs et zooms Fenyx (25W) et Quad (7W) en 3000 K de Procédés Halliers issus du stock du musée.

 

En revanche, la deuxième partie doit retrouver la lumière naturelle, plus uniforme… cette lumière qui baigne certaines photographies, cette lumière douce perçant à travers les tissus, comme dans le studio de l’artiste, qui doit être évoqué dans l’atmosphère de l’exposition.

Ania Martchenko et Akari-Lisa Ishii choisissent donc de simuler artificiellement la lumière naturelle en imitant les états de lumière dits « de hasard », via des trompe-l’œil lumineux, créés tout au long de l’exposition : un rayon lumineux venant d’une pièce voisine, un halo filtrant d’une porte entrouverte, ou encore une réplique d’une fenêtre éclairée derrière un rideau.

IMG_1639.jpg
IMG_1606.jpg

Trompe-l'oeil de fenêtre derrière un rideau - Exposition Paolo Roversi, crédits photo : Akari-Lisa Ishii I.C.O.N

Il s’agit en réalité d’une fausse fenêtre en trompe-l’œil, qui produit un faux rayon de soleil sur le mur. Le duo raconte que, lorsque cet éclairage fut installé pour la première fois, les réactions des personnes qui travaillent sur place furent très tranchées. Si certaines les ont félicitèrent pour avoir enfin ouvert cette fenêtre d’ordinaire masquée, la conservatrice s’est au contraire empressée de demander à faire fermer cette fenêtre avant que le soleil n’abîme les photos ! Des réactions vives face à une fenêtre… inexistante. Des réactions spontanées qui montrent à quel point la lumière peut bouleverser les repères et changer notre perception des lieux les plus familiers.

Le « faux rayon du soleil » venant de la « fausse fenêtre » qui éclaire dans la niche est produit par un projecteur cadreur Fenyx de Procédés Hallier, issu du parc des appareils d’éclairage du musée.

Cette fausse fenêtre est importante puisqu’elle participe à donner l’impression d’une lumière naturelle baignant l’espace principal de l’exposition. Le duo a choisi de séquencer ce vaste espace par des cloisons semi-transparentes, composées d’un châssis couvert par un textile voile semi-transparent. Ces cloisons permettent de préserver l’impression d’espace, tout en rendant possibles les superpositions des images et des plans. Aussi, lorsque le visiteur regarde ces cloisons, il est persuadé qu’elles sont éclairées en transparence par la (fausse) fenêtre qui se trouve au fond de la pièce tout en longueur.

IMG_5943.jpg

Impression de lumière naturelle  - Exposition Paolo Roversi, crédits photo : Akari-Lisa Ishii I.C.O.N

IMG_1604.jpg

Projecteurs cadreurs et zooms Fenyx (25W) et Quad (7W) en 4000 K de Procédés Halliers issus du stock du musée.

Ce même procédé de trompe-l’œil lumineux a été mis en place pour indiquer le cheminement et attirer les visiteurs vers une petite pièce difficilement visible.

IMG_1579.jpg

Fausse lumière zénithale traversant une coupole  - Exposition Paolo Roversi, crédits photo : Akari-Lisa Ishii I.C.O.N

IMG_5931.jpg

Au cours de l’exposition, le visiteur tombe sur un rectangle lumineux caressant le sol, curieux, il lève les yeux pour comprendre d’où provient cette lumière. Il voit alors une coupole éclairée de manière douce, comme dans une église à Ravenne, la ville natale du photographe. Là encore, la scénographie, aidée par l’éclairage, trompe le public : point de chapelle ni de soleil, mais seulement les mosaïques du Palais.

Ania Martchenko, scénographe, affirme que « l’espace et la lumière sont inséparables : l’un ne va pas sans l’autre », nous rappelant que la scénographie et l’éclairage sont deux matériaux interdépendants qui doivent travailler de concert. Cette exposition constitue une belle démonstration de coproduction vertueuse, scénographie et éclairage s’alliant pour accompagner les usages, les cheminements et l’émotion du visiteur face à des œuvres d’art.

Des infos, des conseils, des idées, retrouvez l'infolettre LUMISCOPE : tous les mois, la lumière se réfléchit dans une infolettre. 

S'abonner aux infolettres LUMISCOPE

LUMISCOPE MEDIA PRISMES
Prismes éditons

Éditions Prismes
8 rue Saint Claude 75003 Paris

contact@prismes-editions.info
SIRET 31170193200015
Numéro TVA Intra FR06311701932

© 2024 par LUMISCOPE. Créé avec Wix.com

bottom of page